Carrie
Editions Le livre de Poche, 288 pages, traduction de H. Rabillot, affiche du film Carrie la vengeance
Carrie est sans nulle doute
le roman le plus connu de son légendaire auteur, Stephen King. Ecrit
en 1974, il s'agit aussi de son tout premier roman publié. Publié
chez Doubleday aux Etats-Unis, il est arrivé dans l'hexagone en 1976
publié pour la première fois par Gallimard. Depuis, le roman est un
classique et a connu bon nombre d'éditions variant en fonction des
adaptations et des rééditions. L'adaptation la plus connue du roman
est Carrie au bal du diable,
un film de Brian de Palma, sortie en 1976, mais n'est pas la seule.
Puis sont venus Carrie 2 : La Haine
(1999) – qui n'a en commun avec Carrie que le titre et le principe
– et un téléfilm sobrement intitulé Carrie
(2002). Enfin, sort le 4 décembre prochain la nouvelle adaptation
Carrie, la vengeance
avec Chloë Grace Moretz (connue pour son rôle d'Hit Girl notamment)
dans le rôle principal.
Prix :
Le livre de poche : 6, 60 €
Carrie,
jeune fille de seize ans,
vit seule avec sa mère
pieuse qui l'a élevée
de manière très singulière ce qui a pour conséquence que sa
fille n'a jamais su s'intégrer socialement.
En effet, Carrie
est moquée,
insultée
et chahutée
depuis qu'elle est en âge d'aller à l'école. L'ultime humiliation
se produit alors que la jeune fille est nue
dans les douches communes :
elle a pour la première
fois ses règles devant
tout le monde. De nouveau martyrisée,
Carrie
prend conscience des
pouvoirs qu'elle a et
elle se promet que le
prochain à se moquer d'elle le payera.
Marion
L'avis de Marion :
Depuis longtemps j'entends parler de Carrie
mais jamais je n'avais cherché à le lire, alors pour la sortie de
la nouvelle adaptation, je me suis dit que c'était le moment.
Malheureusement le livre est victime de son succès.
L'idée de base du roman est absolument géniale : une jeune
fille martyrisée par ses camarades qui ne peut trouver le repos chez
elle car maltraitée par sa mère. Comment Carrie a-t-elle pu tenir
seize ans sans péter les plombs, c'est déjà ce que l'on pourrait
se demander en premier lieu. Les pouvoirs télékinétiques de Carrie
sont bien évidemment le centre du roman mais au-delà de cela, ce
qui fait que le scénario est exceptionnel, c'est la patte du maître.
Il y a dans l'élaboration des livres ce qu'on appelle des portes
scénaristiques. Quand un auteur en ouvre une (qu'il crée une
intrigue ou un sujet avec un mystère), il se doit de le résoudre,
c'est à dire de refermer la porte. Le grand talent réside dans le
fait que King a ouvert une multitude de portes et les a (selon moi)
toute refermées avec subtilité et brio. Un détail tout de fois :
comme je l'ai dit, je connaissais Carrie pour en avoir
beaucoup entendu parler à la télé, notamment dans un épisode de
je ne sais quelle série policière qui détaillait le livre. J'ai
été fascinée avant même de l'avoir lu et ai retrouvée cette
fascination dès les premières pages du roman. Malheureusement, les
effets scénaristiques et ingénieux d'écriture de Stephen King ont
complètement été cassés par le fait que je connaissais les
grandes lignes de la fin. Ainsi s'explique que je dis le livre
victime de son succès.
Ce qui fut une découverte grandiose est le talent de la mise en
scène que possède King. L'auteur insère dans le récit des
fragments d'articles et de romans que l'on sent et sait détachés de
la trame narrative car étant postérieur à ce qui est narré. Cette
astuce crée empressement, curiosité et suspense sur l'événement
dont ils n'arrêtent pas de parler tous mais dont on ignore le sujet
(pour ceux qui vivent dans une grotte et n'ont jamais entendu parler
de Carrie). La façon dont Stephen King entre dans la tête de
chacun de ses personnages est absolument fascinante. Il décrit le
mal être de Carrie et l'horreur de l'adolescence avec beaucoup de
justesse, ce qui m'a bluffée. Un gros coup de cœur pour l'écriture
de THE King.
Je me répète mais il n'est pas étonnant que la pauvre Carrie soit
dérangée dans sa tête. Pas vraiment attendrissante, Carrie est
très gauche du fait de son éducation particulière mais le lecteur
ne peut s'empêcher d'avoir pitié pour elle qui a commis une erreur
en début de scolarité ce qui a suffit pour être le souffre douleur
à vie de ses camarades. Le plus horrible dans tout cela est que les
élèves considèrent cela comme normal vu qu'il en toujours été
ainsi. Mais avec cette certaine pitié, j'ai aussi éprouvé comme la
professeur de sport, cette exaspération (seulement au début) devant
cette fille qui, à seize ans, n'est plus une enfant et devrait
cesser de geindre et savoir un peu se débrouiller toute seule.
Stephen King disait que la clé dans ses romans pour qu'il fasse
ressentir des émotions est de faire en sorte de lier le personnage
au lecteur. Avec le personnage de Carrie, je comprends parfaitement
ce qu'il a voulu dire et j'admire une fois de plus le tour de force.
Même si je comprends aussi pourquoi Carrie s'oppose à sa mère, je
trouve que cela est trop soudain comme sortie de nul part. C'est le
seul point dans l'évolution psychologique de l'héroïne qui me
gène.
Les autres personnages sont beaucoup moins intéressants mais sont
chacun des types humains dont la majorité sont les pires.
L'adolescence est un page ingrat et cruel, une chose que démontre
King avec application. Avec la mère de Carrie, il s'attaque au
fanatisme et l'extrémisme religion qui sont pire que tout ce que
l'on aurait pu imaginer.
En somme, un très bon roman, même lorsque l'on sait déjà la fin,
qui doit atteindre la perfection quand on ne le connait absolument
pas. A lire absolument ne serait-ce que pour l'auteur mais surtout
parce que c'est un classique.
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