La dimension fantastique – II
Editions Librio, 128 pages, illustration de J. K. Potter
Ce deuxième recueil de La
dimension fantastique continue
sur la même lancée que le premier en gardant toujours le but de
faire découvrir aux lecteurs les écrits classiques d'auteurs
connus, et méconnus pour leur goût du fantastique. De même que la
première anthologie, celle-ci est présentée par Barbara Sadoul
chez Librio, la première édition datant de 1998. L'époque visée
est toujours la même, s'étalant du XIXème siècle au milieu du
XXème. Le XIXème siècle est celui du changement et de
l'innovation, il se manifeste en littérature par cette explosion du
fantastique. Ces six nouvelles explorent toujours le thème du doute
mais aussi de la crainte avec des sujets proche du mysticisme et des
légendes. L'immortalité est-elle possible ? Les vampires
font-ils partis de notre monde ? Tant de questions qu'on ne se
pose pas sérieusement, même à l'époque mais qui suscite une fois
de plus le doute, ce qui fait tout l'attrait de ces nouvelles que
voici :
Honoré
de Balzac
(1799 – 1850) : L'Élixir de longue vie
Alors que Don
Juan,
jeune homme jouissant des plaisirs de la vie, s'amuse en soirée
mondaine. On lui apprend soudainement que son père se meurt.
Celui-ci lui demande alors de réaliser un rituel bien étrange après
sa mort qui va chambouler au plus profond de soi son fils.
Pétrus Borel
(1809 – 1859) : Gottfried Wolfgang
Un homme se voit confier les écrits du précédent locataire de sa
chambre. Intrigué, il commence une lecture qu'il espère fantaisiste
mais dont il ne sait vraiment le degré de réalité. Après tout, la
vie peut-elle nous jouer de tel tour ?
SAKI
(1870 – 1916) : Sredni Vashtar
Conradin est un garçon qu'on a condamné, à tort. En effet,
le médecin ne lui donnait que cinq jours à vivre après sa
naissance. Une erreur dramatique qui eut pour conséquence le mépris
et manque d'amour de la tante de l'enfant, dont elle a la charge. Le
petit la hait d'ailleurs cordialement. C'est pour ça qu'il la
rejoint, cette divinité qui le comprend.
Fitz-James
O'Brien (1828 – 1862) :
La Chambre perdue
Quoi de mieux que la nuit fraîche pour se détendre et prendre
l'air. Alors que c'est précisément à ce que songe le personnage
principal de cette histoire, trouvant sa chambre étouffante et
pesante, il fait une drôle de rencontre dans le jardin. On le met en
garde, il logerait chez des vampires, ces cannibales de la
nuit.
Jean-Louis
Bouquet (1898 – 1978) :
Les Filles de la nuit
Un écrivain tranquille et amoureux reçoit un jour la visite d'un
Modeleur, selon ses propres termes, qui lui vends des petites poupées
à l'effigie de ses héros et personnages. Ravi, l'écrivain
s'attache très vite à ses poupées et prend vie un nouveau monde
sous ses yeux.
Theodore
Sturgeon (1918 –
1985) : Hier, c'était lundi
Hier, c'était lundi. Mais aujourd'hui on est mercredi. C'est avec cette absolue certitude que se réveille le personnage de la nouvelle. Subsiste alors la question suivante : mais qu'est donc devenu le mardi ?
Prix: Librio: 2€
Marion
L'avis
de Marion : Il n'est
absolument pas dérangeant de lire les deux anthologies à la suite,
j'ai même apprécié de les lire à si peu de temps d'écart, cela
m'a permis d'avoir encore en mémoire les autres nouvelles pour les
comparer à celle-ci. Tout d'abord, je trouve plaisant la différence
radicale des œuvres entre la première et deuxième anthologie. Les
ambiances sont différentes, le deuxième livre est plus sombre,
peut-être est-ce cela qui fait son charme par rapport au premier
plus classique à mon goût.
L'élixir
de longue vie
aborde le sujet de la résurrection avec une certaine philosophie et
angoisse. La confiance entre père et fils est au centre de cette
histoire et fait tout autant réfléchir que la dimension fantastique
que Balzac a instauré. L'ambiance est particulièrement angoissante
mêlant le frisson du thriller au fantastique qui emballe
l'imagination. C'est une bonne nouvelle que le style, très
descriptif, de Balzac n'alourdit pas et n'entache rien à la qualité.
Gottfried
Wolfgang
n'est pas celle qui m'a le plus marquée. La nouvelle est très
courte et quoique la fin soit surprenante, je n'ai pas trouvé qu'il
y ait grand chose d'attrayant. Un jeune homme poétique qui s'entiche
d'une femme plus âgée, c'est très classique et peu distinctif par
rapport aux autre nouvelles.Sympathique mais sans plus.
Sredni Vashtar explore en
profondeur et avec brio le mysticisme des religions issus du délire
d'un petit garçon. Bien que courte, la nouvelle est très prenante
et nous laisse sur une note d'horreur et de stupéfaction. A lire
absolument pour les fans du genre.
La chambre perdue est un
genre de balbutiement du mythe du vampire qui est appréciable mais
sans plus. La nouvelle est complètement dans le cliché des êtres
immortelles, diaboliquement beau et adepte des orgies. Cependant le
concept de la chambre perdue est très intéressant et donne le
charme de la nouvelle.
Les Filles de la nuit est une
bien étrange nouvelle que je ne saurai dire si je l'ai ne serait-ce
qu'apprécier. Tout d'abord la nouvelle est longue, ce qui n'est pas
forcément nécessaire je trouve, et l'histoire n'est pas captivante
– encore un amour à sens unique – même si l'on voit un petit
côté mysticisme – avec le genre de vaudou – qui donne un brin
d'originalité. Sans plus.
Hier, c'était lundi est sans
conteste ma préférée du recueil. Quel concept philosophique
épatant. La cohérence et la logique du propos de l'auteur m'a amené
à me poser la question : une telle possibilité sur le
fonctionnement du monde est-elle possible ? Sturgeon a réussi à
me mettre le doute sur mon propre monde, je suis donc conquise.
Commentaires
Enregistrer un commentaire